Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

humain, non seulement des tyrannies, mais — en un délai plus ou moins court — des disciplines sociales elles-mêmes, le citoyen n’agissant plus que selon la Raison, sans aucune nécessité de contrainte. On peut sourire aujourd’hui de ces illusions, mais elles sont évidemment celles d’un peuple débordant de confiance en lui-même. J’ajoute qu’elles ne semblent pas avoir paru ridicules ou très présomptueuses aux contemporains. En Allemagne, en Autriche, en Russie, les esprits éclairés ne sont pas loin de croire en effet à cet Âge d’Or. Du moins jugent-ils le peuple français plus capable qu’aucun autre de démontrer dans un avenir prochain qu’une nation réellement civilisée peut se passer de tribunaux et de gendarmes. Voilà précisément pourquoi on ne saurait comparer la Révolution française à la Révolution russe de 1917, par exemple. Le peuple russe de 1917 était un peuple opprimé depuis des siècles et à peine sorti du servage. Je ne prétends pas que la masse eût conscience de