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UNE OMBRE, qui n’a pas d’argent.

xxxxxxxxHélas ! Caron, hélas ! hélas !

CARON.

xxxxCrie hélas ! tant que tu voudras ;
Rien pour rien en tous lieux est une loi suivie ;
xxxxLes mains vides sont sans appas,
Et ce n’est point assez de payer dans la vie,
Il faut encor payer au delà du trépas.

Hercule s’élance dans la barque, qui craque sous son poids et fait eau de toutes parts. Il parvient néanmoins sur l’autre bord. Arrivé près du palais de Pluton, Alecton donne l’alarme. Pluton furieux s’écrie :

Qu’on arrête ce téméraire ;
Armez-vous, amis, armez-vous.
xxxxQu’on déchaîne Cerbère,
xxxxCourez tous, courez tous.

On entend aboyer Cerbère.

Mais Proserpine est touchée de l’amour d’Alcide pour Alceste, et décide Pluton à la lui rendre.

Il faut que l’amour extrême
xxxxxxSoit plus fort
xxxxxxQue la mort,

Alceste, revenue sur la terre, pleure en apprenant qu’elle est devenue la propriété de son libérateur. Admète, de son côté, n’est pas gai. Hercule s’aperçoit de toutes ces tristesses.

Vous détournez les yeux ! je vous trouve insensible !

ALCESTE.

Je fais ce qui m’est possible
Pour ne regarder que vous.

Ceci ne fait pas le compte d’Hercule ; mais comme après tout ce demi-dieu est un brave homme, il fait un effort sur lui-même, et, remettant Alceste à son époux, il lui chante :

xxxxNon, vous ne devez pas croire
Qu’un vainqueur des tyrans soit tyran à son tour.