quelque peu sur les conclusions de notre prochain chapitre.
Qu’est-ce que l’attention ? D’un côté, l’attention a pour effet essentiel de rendre la perception plus intense et d’en dégager les détails : envisagée dans sa matière, elle se réduirait donc à un certain grossissement de l’état intellectuel[1]. Mais, d’autre part, la conscience constate une irréductible différence de forme entre cet accroissement d’intensité et celui qui tient à une plus haute puissance de l’excitation extérieure : il semble en effet venir du dedans, et témoigner d’une certaine attitude adoptée par l’intelligence. Mais ici commence précisément l’obscurité, car l’idée d’une attitude intellectuelle n’est pas une idée claire. On parlera d’une « concentration de l’esprit[2] », ou bien encore d’un effort « aperceptif[3] » pour amener la perception sous le regard de l’intelligence distincte. Quelques-uns, matérialisant cette idée, supposeront une tension particulière de l’énergie cérébrale[4] ou même une dépense centrale d’énergie venant s’ajouter à l’excitation reçue[5]. Mais ou l’on se borne à traduire ainsi le fait psychologiquement constaté en un langage physiologique qui nous paraît encore moins clair, ou c’est toujours à une métaphore qu’on revient.
De degré en degré, on sera amené à définir l’attention par une adaptation générale du corps plutôt que de l’esprit, et à voir
- ↑ MARILLIER, Remarques sur le mécanisme de l’attention (Revue philosophique, 1889, t. XXVII). — Cf. WARD, art. Psychology de I’Encyclop. Britannica, et BRADLEY, Is there a special activity of Attention ? (Mind, 1886, t. XI, p. 305).
- ↑ HAMILTON, Lectures on Metaphysics, t. I, p. 247.
- ↑ WUNDT, Psychologie physiologique, t. Il, p. 231 et suiv. (F. Alcan, éd.).
- ↑ MAUDSLEY, Physiologie de l’esprit, p. 300 et suiv. — Cf. BASTIAN Les processus nerveux dans l’attention (Revue philosophique, t. XXXIII, p. 360 et suiv.).
- ↑ W. JAMES, Principles ol Psychology, vol. I, p. 441.