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vous montrez que des effets comiques, pris au hasard, y sont inclus. Du moment que les caractères en question ont été notés par un observateur perspicace, ils appartiennent, sans doute, à ce qui est comique ; mais je crois qu’on les rencontrera souvent, aussi, dans ce qui ne l’est pas. La définition sera généralement trop large. Elle satisfera — ce qui est déjà quelque chose, je le reconnais — à l’une des exigences de la logique en matière de définition : elle aura indiqué quelque condition nécessaire. Je ne crois pas qu’elle puisse, vu la méthode adoptée, donner la condition suffisante. La preuve en est que plusieurs de ces définitions sont également acceptables, quoiqu’elles ne disent pas la même chose. Et la preuve en est surtout qu’aucune d’elles, à ma connaissance, ne fournit le moyen de construire l’objet défini, de fabriquer du comique[1].

« J’ai tenté quelque chose de tout différent. J’ai cherché dans la comédie, dans la farce, dans l’art du clown, etc., les procédés de fabrication du comique. J’ai cru apercevoir qu’ils étaient autant de variations sur un thème plus général. J’ai noté le thème, pour simplifier ; mais ce sont surtout les variations qui importent. Quoi qu’il en soit, le thème fournit une définition générale, qui est cette fois une règle de construction. Je reconnais d’ailleurs que la définition ainsi obtenue risquera de paraître, à première vue, trop étroite, comme les définitions obtenues par l’autre méthode étaient trop larges. Elle paraîtra trop étroite, parce que, à côté de la chose qui est risible par essence et par elle-même, risible en vertu de sa structure interne, il y a une foule de choses qui font rire en vertu de quelque ressemblance superficielle avec celle-là, ou de quelque rapport accidentel avec une

  1. Nous avons d’ailleurs brièvement montré, en maint passage de notre livre, l’insuffisance de telle ou telle d’entre elles.