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THÉOPHILE GAUTIER.

entra dans l’atelier du peintre Rioult et qu’il commenca à étudier d’après le modèle vivant. Confondant sans doute ses facultés descriptives avec le don pictural, il ne songeait qu’à manier les pinceaux, et le plaisir qu’il y prenait lui semblait, ainsi qu’aux siens, le signe d’une vocation. Mais je me suis expliqué ailleurs sur cette erreur si curieuse de sa vie romantique, et je ne pourrais que me répéter.

À Charlemagne, Théophile Gautier se lia de solide amitié avec un jeune homme dont le nom appartient, lui aussi, à l’histoire des lettres. Je veux parler de Gérard de Nerval. Gérard, qui ne s’appelait pas de Nerval, mais bien Labrunie, « était déjà un assez grand personnage. La célébrité l’était venue chercher sur les bancs du collége. À dix-sept ans, il avait eu un volume de vers imprimé, et en lisant la traduction de Faust par ce jeune homme presque enfant encore, l’olympien de Weimar avait daigné dire qu’il ne s’était jamais si bien compris ». (Histoire du Romantisme, pages 6 et 7.) Gérard savait que Théophile faisait lui-même des vers, et il avait été le confident de ses essais. C’était à lui que le rhétoricien avait lu ce poëme de l’Enlèvement d’Hélène avec lequel la cuisinière de la maison flamba un jour son poulet, dans la bonne conscience d’une âme pure. Gérard connaissait le zèle romantique de son camarade, et il le comptait