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SOUVENIRS.

Certes il ne faudrait pas inférer de ce qui précède que mon intention soit d’acquérir au parti libéral la figure littéraire d’un homme que l’idée républicaine a toujours effrayé. Sa correspondance fait foi de ces terreurs. Théophile Gautier avait pris au mot le programme socialiste du progrès par la révolution. Il croyait très-sincèrement aux « rouges », et son éducation royaliste ajoutait encore à cette croyance des souvenirs de famille assez peu rassurants. Il disait qu’il appartenait à la génération de ceux qui ont eu des parents guillotinés. Je raconte ailleurs dans quel milieu il avait grandi et quelle influence les récits paternels ont pu avoir sur son esprit d’enfant. Toujours est-il que le principe d’autorité, quel qu’il fût et d’où qu’elle vînt, lui semblait la sauvegarde des sociétés modernes. Il admettait que le bâton devînt sceptre et aussi que le sceptre se fît bâton. D’ailleurs il avait horreur de raisonner sur ce sujet, et quand on l’y acculait, il se levait de table et s’en allait.

Il m’est permis de croire toutefois, d’après des indices certains, que le lecteur pourra relever dans nos entretiens et même dans quelques-unes de ses lettres, que l’établissement pacifique d’une

    a tracé un fidèle tableau des soirées de Saint-Gratien et aussi un portrait ressemblant de Théophile Gautier chez la princesse.