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XXVII
PRÉFACE.

dans un fait-divers. Le lendemain, j’étais à Neuilly, rue de Longchamps.

Bergerat me faisait entrer dans la chambre de l’auteur de Mademoiselle de Maupin. Sa tête, d’une pâleur orangée, s’enfonçait dans le noir de ses longs cheveux. Il avait sur la poitrine un chapelet dont les grains blancs, autour d’une rose en train de se faner, ressemblaient à l’égrènement d’un rameau de symphorine. Et le poète apparaissait ainsi avec la sérénité farouche d’un homme des vieux siècles endormi dans le néant. Rien là ne me parlait d’un mort moderne. Des ressouvenirs des figures de pierre de la cathédrale de Chartres mêlés à des réminiscences des temps mérovingiens[1] me revenaient, je ne sais pourquoi. La chambre même, avec le chevet de chêne du lit, la tache rouge du velours d’un livre de prières, une brindille de buis dans une poterie barbare me donnaient l’impression d’être introduit dans un cubiculum de l’ancienne Gaule, dans un pri-

  1. Ce caractère mérovingien du mort, je suis heureux de le retrouver constaté sur le vivant, par Feydeau, dans ses Souvenirs intimes sur Théophile Gautier.