a fait défaut à l’élève de Rioult pour cultiver un art dont le goût, quoique parasite en lui, n’en était pas moins vivace. Pendant quarante ans et davantage d’une production littéraire surmenée, encyclopédique, qui ne lui laissa ni trêve ni loisirs, est-il bien étonnant que le peintre ait succombé sous l’écrivain ? A-t-on bien le droit d’inférer de là qu’il n’aurait jamais eu de talent dans un art dont il traitait, avec une compétence si élevée, un tact vaticinateur et une rare érudition pratique ? J’aurais là-dessus beaucoup de choses à dire, qui ne plairaient pas toutes à mes confrères, grands classificateurs intellectuels, et dont la philosophie s’accommode mal de l’indivisibilité du vrai génie. D’ailleurs, il faut en convenir, mon maître n’a pas été le grand peintre incompris qu’il feignait d’être aux heures des paradoxes : il le savait mieux que quiconque et, si on l’avait interrogé, il aurait répondu qu’il fallait mettre son pinceau à côté du violon d’Ingres, des casseroles d’Alexandre Dumas, de la politique de Lamartine, et même du crayon de Victor Hugo, dans le petit musée des originalités intimes du XIXe siècle.
Je te dirai comment Rioult, mon maître, fait
Un tableau qui, je crois, sera d’un grand effet :
C’est un ogre lascif qui dans ses bras infâmes
À son repaire affreux porte sept jeunes femmes.