et, par une sorte d’instinct machinal, allait de temps en temps se réchauffer à la cheminée et revenait prendre les doigts du mort, comme s’il eût voulu suppléer à la chaleur qui les abandonnait.
L’enterrement de Théophile Gautier a été l’un des plus beaux qu’ait jamais eu un simple artiste. Tout le Paris intellectuel y assistait, et lorsque la voiture mortuaire atteignait à la place de l’Étoile, les derniers suivants du cortége passaient à peine la route de la Révolte. Dans l’intérieur de Paris ce cortége se grossit et s’allongea presque du double. On vit là combien il était aimé. À la place Clichy, la foule des curieux obstruait la voie jusqu’à la porte du cimetière Montmartre. L’un de nous entendit là une voix populaire qui disait : « C’est un richard ! » Hélas ! un richard, lui, mon pauvre maître ! Le corbillard était entouré d’un peloton de soldats, car Théophile Gautier était officier de la Légion d’honneur. Il parlait souvent de ce peloton, auquel il avait droit, et il attachait une grande importance à sa présence à ses obsèques. Une personne amie avait envoyé, pour mettre sur le cercueil, un énorme bouquet de violettes, sous lequel il disparaissait presque entièrement. Une autre avait envoyé des palmes.
Au dernier moment, le clergé, qui jusque-là avait fidèlement accompagné le convoi, s’esquiva et disparut en emportant le bénitier, de telle sorte,