sais peut-être pas que ce grand… “vaisseau du désert”, avec ses yeux bleus, bordés de longs cils blonds, comme ceux d’un enfant, est l’un des hommes les plus prodigieusement érudits de ce siècle, et qu’il en remontrerait à tous les professeurs de l’Allemagne crasseuse ! Mais si Flaubert est un grand savant, il est aussi un grand génie ; de là vient que tous ses livres sont des chefs-d’œuvre. La forme roman qu’il a toujours prise, et que nous adopterons aussi pour la Venise, est la plus propre à la fois à développer les facultés littéraires que l’auteur a en lui, et à vivifier cette autre vieille momie qu’on appelle l’Histoire. »
« Et puis, je te le répète, ce serait un crime de lèse-imagination que de ne pas trouver un roman divertissant et original dans l’étude de cette population de carnaval, grouillante et bariolée, courtisanes, joueurs et croupiers, spadassins, abbés mignons, entremetteurs, parfumeurs et comédiens, qui vont, viennent, intriguent, escaladent, pirouettent, volent, trichent, et assassinent sous les mille yeux inquisitoriaux du Conseil des Dix, dans ces palais féeriques ou sur la place Saint-Marc, menacés par les Plombs et les Puits, le long de ce canal Orfano étincelant de reflets, sillonné de