d’une œuvre d’imagination lui semblait résider tout d’abord dans la réalisation des milieux, la reconstitution des époques, l’exactitude artistique du langage et des accoutrements. Quant à la vérité des sentiments mis en jeu, la trouvaille des incidents par lesquels les âmes se heurtent et jettent l’étincelle, et la conclusion même de ces incidents, ce n’était là pour lui qu’un mérite de second plan, un art un peu vulgaire où on peut exceller sans sortir de la médiocrité intellectuelle, en un mot une œuvre d’artisan plutôt que d’artiste.
D’accord en ceci avec les maîtres du métier, il admettait que les situations dites dramatiques, fournies par les passions humaines, se bornent au plus à sept ou huit, mais il différait d’eux en cela qu’il ne voyait pas la nécessité d’en renouveler l’étude après Shakespeare et Molière, et que la moindre fable d’amour entravé lui semblait un prétexte suffisant à faire un chef-d’œuvre. Il m’avoua même tout paternellement un jour qu’il ne me voyait pas sans chagrin m’engager, à la suite des auteurs à la mode, dans les voies morbides du théâtre contemporain.
« Ils appellent ça de la physiologie, c’est de la pathologie qu’il faut dire. On est en train de tuer la poésie au théâtre, c’est-à-dire le théâtre même, avec ces façons de disséquer l’âme comme une charogne. Pourquoi ne met-on pas sur les affiches :