Avant de mettre ce chef-d’œuvre sous les yeux du lecteur, j’en prends occasion de constater qu’il a été le point de départ des relations littéraires du maître avec M. Paul de Saint-Victor et l’origine de leur amitié réciproque. J’ai retrouvé dans les papiers de Neuilly une lettre fort belle et fort curieuse, qui fixe la date de cette liaison littéraire, et je ne résiste pas au plaisir de lui donner place dans ce livre écrit à la gloire d’un maître commun.
« Je vous suis infiniment reconnaissant de votre bon souvenir… J’ai devancé votre conseil, et j’ai été avant-hier chez M. Gautier chercher ses vers qu’il a eu la bonté de me copier lui-même. L’Étude de mains m’a ravi, mais le Musée secret m’a ébloui. C’est pour moi le Régent de son écrin. Comme science de contour et illusion de couleur, ces vers sont peut-être sans précédents dans la langue. Il a raison de les appeler une transposition d’art. La strophe n’est pas écrite, elle est pétrie dans la pâte et dans l’huile du Titien et du Corrége. À sa place je les publierais hardiment. Un tel pinceau transfigure tout ce qu’il touche. Il diviniserait la croupe de la Vénus Callypige. Quelle draperie vaudrait cette pureté enflammée de lumière et de couleur dont il revêt ses nudités de marbre ? Le Musée