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XVI

UN BILLET BLEU


Je crois que, avec Émile Blavet, je suis, à cette heure, le plus ancien collaborateur du Gaulois dont Arthur Meyer tient aujourd’hui l’oriflamme fleur-de-lisée.

L’année où j’y entrai, le journal n’avait pas de couleur politique. Il était presque exclusivement littéraire et boulevardier et son fondateur, Edmond Tarbé des Sablons, homme charmant du reste, l’avait créé surtout pour embêter Villemessant et tomber son triomphant Figaro.

Du reste cette hantise de rivaliser avec Le Figaro a été l’instigatrice du grand essor de la petite presse à la fin du Second Empire. On ne fait rien, à Paris que pour turlupiner quelqu’un ou démolir quelque chose. C’est l’esprit de l’asphalte.

Le Gaulois de Tarbé avait pour rédacteur en chef Henry de Pène, journaliste admirable, de la grande race française, celle qui avait la plume au bout d’une