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décrits, nous apparaît d’abord comme une imitation de certains phénomènes célestes.

Les phénomènes dont il s’agit peuvent se ramener à deux groupes : ceux qui accompagnent le lever du soleil, et que j’appellerai phénomènes solaires, ceux qui accompagnent après une longue sécheresse la chute de la pluie, et que j’appellerai phénomènes météorologiques. Dans l’un et I’autre groupe, la mythologie védique distingue des éléments mâles et des éléments femelles. L’élément mâle est, dans les phénomènes solaires, le soleil lui-même, dans les phénomènes météorologiques, I’éclair. Les éléments femelles correspondants sont l’aurore et la nue, ou, avec intervention de l’idée de pluralité qui est volontiers liée à celle du sexe féminin, les aurores et les eaux. Ces divers éléments sent susceptibles de représentations diverses qui constituent I’anthropomorphisme et le zoomorphisme mythologiques.

Les figures d’animaux les plus fréquentes sont, pour les mâles, l’oiseau, le cheval, ailé ou non, le taureau et le veau ; pour les femelles, la cavale et surtout la vache. Entre les êtres des deux sexes s’établissent, soit sous leur forme humaine, soit sous leurs formes animales, des rapports mythiques représentant les relations supposées des éléments entre eux. La concomitance, l’antériorité, la postériorité des phénomènes trouve son expression dans l’union sexuelle ou la parenté collatérale, dans la paternité ou la maternité, dans la filiation des êtres mythologiques. Ces rapports peuvent d’ailleurs se confondre ou se renverser selon les points de vue divers ou multiples sous lesquels ils sont envisagés. De là les incestes du frère et de la sœur, du père et de la fille. De la encore ces paradoxes, auxquels les auteurs des hymnes prennent une sorte de plaisir enfantin, « La fille a enfanté son père », « Le fils a engendré ses mères », et qui s’expliquent par le fait que le soleil a été considéré, tantôt comme le fils, tantôt comme le père de l’aurore, ou que les eaux du ciel ont passé, tantôt pour les mères de l’éclair qui naît au milieu d’elles, tantôt pour les filles de ce même éclair qui les fait couler.

Toute cette phraséologie mythique se retrouve dans la description des cérémonies du culte. Il y a dans ces cérémonies deux moments principaux, la préparation de l’offrande, et le sacrifice qui en est fait dans le feu. Arrêtons-nous d’abord à la seconde opération. L’élément mâle y est le feu lui-même, Agni, tandis que l’élément femelle est l’offrande,