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La « forme » est à peu près celle d’une mosaïque faite de menus fragments du texte des hymnes rapprochés et ajustés de manière à composer un tableau d’ensemble. Les citations et les renvois[1] sent multipliés, quelquefois peut-être au détriment de la netteté, et en tout cas de la marche rapide de l’exposition, mais le plus souvent, je l’espère, au profit de l’intelligence des textes mêmes, dont le sens, fût-il clair par lui-même, peut presque toujours être précisé encore par la comparaison.

En revanche, j’ai généralement évité la polémique, du moins, et c’était mon droit, ce semble, dans un travail de synthèse embrassant le Rig-Veda tout entier, centre les auteurs de simples traductions ou de monographies. Or, les seuls travaux de synthèse à la fois complets et de première main sur ce monument, à part le volume V des Sanscrit Texts de M. Muir, précieux recueil de faits rassemblés en dehors de tout esprit de système, et par suite offrant peu de prise à la polémique, sont les travaux des lexicographes. Je ne prendrai donc guère à partie que MM. Roth et Grassmann, et cela à propos de la détermination du sens même des mots.

L’« esprit » de ce livre est la systématisation, la poursuite de toutes les analogies, la recherche de toutes les formes probables ou seulement possibles de chaque idée. Tranchons le mot, et prévenons une critique générale qu’on pourra lui adresser : dans cette recherche, dans cette poursuite des analogies, je paraîtrai souvent craindre moins de dépasser le but que de ne pas l’atteindre. C’est que je ne prétends, ni donner le tableau définitif d’une religion dont le principal monument offre encore tant de difficultés d’interprétation, ni faire œuvre de critique impeccable en ne citant que les passages parfaitement clairs, puisque mon principal objet est au contraire de présenter des solutions, ou tout au moins des suggestions pour l’explication des passages obscurs.

D’un autre côté, dans le rapprochement des textes, j’ai le plus souvent négligé les distinctions chronologiques. À cette

  1. Les hymnes Vâlakhilya sont comptés à part, comme dans la première édition de M. Aufrecht sur laquelle j’avais fait le dépouillement des textes. J’ai dû renoncer, faute de caractères spéciaux, à accentuer les mots Sanskrits ; mais j’ai distingué ces mots comme oxytons, paroxytons, etc., toutes les fois qu’il y avait utilité à le faire. La transcription est des plus simples. Toutes les lettres qui devraient être pourvues de signes diacritiques sont distinguées par l’alternance des caractères romains et des caractères italiques.