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papier suffit, et par elle, au recto, l’amour paternel fleurit, au verso, s’éteint. Pour celui-ci, des entrailles de père, le nom, la fortune, la tendresse, l’adoration, joies et honneur ; pour celui-là, rien que l’indifférence, l’abandon, l’oubli, le mépris, dans la misère. Oh ! qu’elle est touchante cette tendresse officielle qui se répand en odes et en dithyrambes sur l’enfant adoré de l’hymen, tandis que l’autre, rejeté, agonise n’importe où ! L’homme a tort de parler de sa nature comme décidant de ses actes ; il est plus fort qu’elle ; il la commande et la plie, en tous lieux, à sa fantaisie. De nature, il n’en a point, ou n’en a d’autre que le préjugé ; partout où il l’a voulu, et par le seul empire de ses conceptions, l’homme l’a dominée ; il est lui-même son propre créateur.

Était-ce donc sous l’empire d’un reste de fièvre, ou à cause du récit de Julienne ? Était-ce la présence de ce doux et bel enfant qui me faisait rêver ainsi ? Car c’étaient là des choses que je ne m’étais jamais dites à