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temps cela ne les empêche point, dans les pays sauvages, m’a-t-on dit, de les charger des travaux les plus rudes, et, chez les civilisés, de les écraser de même sans merci, et de s’en remettre à elles, bien souvent, du soin d’être nourris et soutenus. Enfin ! ce n’est bien sûr pas de justice et de bon sens que l’on s’occupe le plus en ce monde.

« Tout cela me contraignit à une chose à laquelle je n’avais pu, sans trop savoir pourquoi, me décider jusque-là. C’était de mettre mon petit frère dans un couvent où l’on prenait des enfants pauvres pour peu de chose, et même pour rien. Je me disais : « Non, j’aime encore mieux le voir jouer dans la rue, comme un poulain échappé, et même jurer et se battre, et dire de vilains mots qu’il ne comprend pas, que de le voir les bras pendants, la face inerte, le regard éteint ou faux, mais faisant des vilenies en dessous, comme les petits garçons conduits par les frères en robe noire. » On me l’avait déjà suffisamment hébété à l’asile ; car toute