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ment parce qu’il y en avait parmi elles qui faisaient les dames et les élégantes, avec des bonnets à rubans.

« Et ne savais-je pas moi-même combien cela tente les jeunes filles ? À présent, je puis le dire, je n’étais pas du tout laide ; mais les petits béguins que je portais me semblaient affreux, et, je l’avouerai, puisqu’une histoire vraie ce doit être comme une confession, cela me faisait battre le cœur d’envie et de jalousie, de voir les autres passer pimpantes et parées, et moi de ne l’être point. C’était, me semblait-il, comme un tort qu’on me faisait ; il me semblait que c’était un droit pour ma jeunesse qu’un peu de parure et un peu de fête. Mais, par bonheur, je savais enfin à quel prix seulement on pouvait obtenir ces choses, et cela m’en ôtait bien vite la tentation.

« Sans doute c’était à cause de la conduite de mon père, — les ouvriers débauchés me faisaient horreur ; et un jour que l’un d’eux, malgré moi, m’avait embrassée, j’en avais eu