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mauvaises paroles et tant de mauvaises idées que je pleurais quelquefois de les entendre. Ce n’était pas trop leur faute, n’est-ce pas, non plus ? Ma sœur aînée me disait que j’étais trop susceptible, et qu’après tout ils s’élèveraient comme ils pourraient. Mais je n’en souffrais pas moins de voir que tout me manquait pour les instruire et les rendre bons. Quant à les envoyer à l’école, il n’y avait pas moyen, dans l’état de malpropreté, de nudité même où ils étaient.

« Quand je me rappelais notre mère, si honnête et si distinguée, j’avais encore plus de peine à leur sujet. Le père aussi d’abord avait été un bon ouvrier, comme il faut, bien mis, et gagnant de bonnes journées. Il avait aimé sa femme et s’était bien conduit pendant quelque temps. Mais, s’étant mis à boire avec les autres, peu à peu tout ce qu’il possédait de sens, de cœur et d’habileté s’en était allé, et maintenant ce n’était qu’une sorte de brute. Il ne nous inspirait plus que terreur et dégoût ; il nous frappait cruel-