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Mme Denjot ne possédait ni une grande intelligence, ni un esprit cultivé, mais elle avait pourtant sa philosophie. Elle avait appris, dans sa boutique, à connaître le caractère humain par ses côtés d’intérêt et de vanité, et, qui plus est, à les faire mouvoir à son profit, comme eût fait un Louis XI dans son royaume. C’était le côté vulgaire ; mais avec Léocadie Bodin, il suffisait.

La bonne dame entra donc dans le magasin de mode, acheta quelques articles, dont elle loua la bonne qualité, observa tout à son aise pendant ce temps la belle modiste, et, d’un air à la fois digne et insinuant, finit par demander à celle-ci un entretien secret. Quand Léocadie, assez intriguée, l’eut conduite dans l’arrière-boutique et l’eut fait asseoir, Mme Denjot, avec autant de douceur que de gravité, lui dit :

« Ma chère dame, je suis la belle-mère de M. Gervais Talmant. »

L’autorité de la famille en impose toujours, et surtout à ces pauvres femmes qui,