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l’enlever, quand il aurait pu se faire aimer d’elle, projet qui lui paraissait plein de délicatesse. Il avait pour excuses une passion vraie, sa bonne foi et la morale flottante de son époque. Il avait tout de suite conquis l’enfant, complice ordinaire et victime naturelle de ces trahisons domestiques. Olivier, lui aussi, depuis quelques jours, était bien heureux ; car il espérait d’être aimé, avec assez de doute, toutefois, pour que son bonheur fût mêlé d’une agitation délicieuse.

Les choses en étaient là, quinze jours après la scène de la rue Dauphine, quand un dimanche matin M. Denjot entra chez sa fille. M. Denjot ne sortait jamais que le dimanche, et il était déjà venu huit jours auparavant, mais un peu tard : Gervais était déjà sorti. M. Denjot n’avait pas été fâché peut-être de ruminer tout ce temps l’allocution qu’il devait adresser à son gendre. Franchement, il était bien mal à son aise, M. Denjot, bien que sa toilette et son air fussent solennels ; mais son gendre l’intimidait, et si sa