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l’aimait encore. À présent, elle ne pouvait que le maudire, presque le haïr… Dans quelle situation, à vingt ans, il la jetait ! Un veuvage éternel ! Toute la vie à passer ainsi, sans amour, sans joie, sous le joug de cet homme qui ne l’aime plus et qui — elle le pressent — se vengera sur elle de ses propres fautes.

Elle arriva chez elle pâle, défaite, éperdue. Mme Denjot, venue pour chercher Paulette, et qui mettait la dernière main à la toilette de la petite, en voyant sa fille, jeta un cri.

« Qu’as-tu ? bon Dieu ! qu’y a-t-il ? »

Emmy, trop émue pour se contenir, au milieu d’un torrent de larmes dit son malheur.

Certes, si contre l’instinct de la jeune fille ce mariage s’était fait, une moitié au moins de la responsabilité en revenait à Mme Denjot. Affolée de ce gendre, qu’elle trouvait un homme superbe, et qui l’avait séduite par ses attentions, c’est elle qui avait pris à tâche de vaincre les répugnances confuses d’Emmy. Elle avait employé pour cela toute l’in-