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donc pleuré, gémi de sa solitude ; elle s’était trouvée malheureuse.

Souvent, elle prenait sa fille dans ses bras et l’embrassait à l’importuner ; souvent, la contemplant avec amour, elle cherchait dans cette petite âme la tendresse intelligente qui donne autant qu’elle reçoit ; mais elle ne parvenait qu’à fatiguer et ennuyer l’enfant. L’enfant avait tout à recevoir et rien à donner. Emmy n’avait donc pour consolation que le dévouement ; mais, à vingt et un ans, presque enfant elle-même encore, elle ne trouvait pas que ce fût assez.

Cependant, ne pouvant mieux, elle s’était efforcée de se distraire. Elle avait plus fréquemment visité ses amies et sa mère. Celle-ci lui avait assuré que l’amour ne dure jamais qu’un temps, et qu’ensuite il suffit au bonheur d’une jeune femme d’être bien mise, d’avoir une maison convenable, de faire des visites, de recevoir ses parents et d’aller chez eux. Le père ajoutait que, puisque M. Talmant était agent d’affaires, il était bon