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n’était pas le fils de mon père qui pouvait infliger à sa famille une pareille honte, un pareil chagrin.

« La honte et le chagrin, ce fut en moi-même qu’ils se produisirent, et je les dévorai seul. Quelque puissants que fussent en moi l’influence d’autrui et les conseils de ma propre ambition, mon cœur et ma conscience crièrent longtemps de la violence que je leur faisais. Le ton de mes lettres avait promptement averti Fanny de mon changement. Dans sa naïve imprudence, elle m’adressa des reproches qui m’irritèrent et qui envenimèrent plus vite nos rapports. Le jour où j’obtins de la riche veuve un engagement formel, j’écrivis à Fanny ; et, prenant en main la cause de la raison, des bonnes mœurs, des saintes traditions de la famille, je lui démontrai la nécessité de notre séparation, en l’engageant, de son côté, à faire le bonheur de quelque honnête ouvrier. Un billet de mille francs, escompté sur l’apport futur de ma fiancée, était joint à cette lettre.