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ces avantages, je fus profondément troublé du choix qui s’offrait à moi.

« Mon cœur se révoltait ; mais ma raison pouvait-elle hésiter longtemps ? N’était-ce pas d’honneurs et de richesses que j’étais affamé depuis que j’étais au monde ? N’étais-je pas né pour parvenir ? N’avais-je pas trouvé cet aiguillon dans mon berceau ? Ne m’avait-on pas dit sans cesse, non pas : « Deviens homme, sois utile et juste ; » non pas même : « Sois heureux ; » mais : « Sois le premier. » Mes camarades n’avaient guère été que mes concurrents. J’avais grandi sans enfance et sans jeunesse, dans les ennuis d’une étude aride, à l’ombre des hautes murailles du collége, nourri de vanité et de rêves sordides. Puis, au sortir de cette claustration, j’avais été lancé dans la vie, seul, sans autre guide intérieur que l’éternel mot d’ordre de l’ambition personnelle ; et, las d’une longue immobilité, avide de mouvement et de fruit défendu, n’ayant point appris l’exercice de la liberté, je m’étais jeté dans la licence. Faute