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660 veille contre l’[être] hostile. Il n’y aura pas manque d’objets désirés
pour toi, si tu échappes vivant à cet exploit courageux. »


X.


Lors Hrothgar s’en alla avec sa compagnie de héros,
le rempart des Scyldings [sortit] de la grand’salle ;
le chef guerrier voulait aller trouver Wealtheow,
[sa] reine, comme compagne. Gloire des rois, il avait
contre Grendel, ainsi l’avaient oui dire les hommes,
placé un gardien de la salle ; il vaquait à un service spécial
autour du prince des Danois ; il offrait une garde contre le monstre.
670 Vraiment le cacique des Géates se fiait bien
à sa fière force, à la faveur de la Divinité.
Lors il se dépouilla de la cotte de mailles en fer,
[ôta] de [sa] tête le heaume, donna son épée décorée,
élite des [armes en] fer, au vassal préposé,
et lui enjoignit de garder l’équipement de bataille.
Lors l’excellent [chef] exprima quelques paroles de défi,
Beowulf des Géates, avant qu’il montât sur sa couche :
« Je ne me compte pas pour inférieur en prouesses guerrières[1],
d’exploits de carnage à lui, Grendel ;
c’est pourquoi je ne veux pas par l’épée l’endormir,
680 le priver de ses jours, encore que je le puisse [justement].
Il ne connaît rien de ces [arts] excellents, pour qu’il frappe contre moi,
qu’il heurte mon écu, quoiqu’il soit vaillant
en actes de violence ; mais tous deux, nous devrons la nuit
nous passer de sabre, s’il ose chercher
la lutte sans arme, et qu’après cela le Dieu sage,
le saint Seigneur, adjuge la gloire
à quelque main qu’il Lui semblera bon. »
Lors se coucha le brave champion, le coussin des joues reçut
le visage du comte, et autour de lui maint
690 ardent guerrier marin s’affaissa sur le lit de salle.
Aucun d’eux ne pensait que de là il dût
jamais de nouveau aller retrouver sa chère résidence,
[son] peuple ou [son] libre bourg, où il fut élevé :
mais ils avaient ouï dire qu’auparavant le carnage meurtrier
avait pris dans cette salle de vin beaucoup trop d’entre eux,
de la nation danoise. Mais à eux le Seigneur donna
les trames du succès à la guerre, à la nation des Weders[2]
réconfort et secours, pour qu’ils vinssent tous

  1. Trautmann lit : “an herewaepnan”, c’est-à-dire : armé.
  2. Ou Géates.