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BEOWULF


[Note. — Cette version du Beowulf a été faite sur le texte établi par M. A. J. Wyatt pour la Cambridge University Press (1908), en tenant compte des variantes et des corrections les plus importantes. Sans s’as­treindre à un littéralisme absolu, le traducteur s’est efforcé de conserver à l’œuvre sa physionomie naïve et caractéristique. Il a donc rendu, dans la mesure du possible, le sens exact des composés anglo-saxons et s’est servi d’un même équivalent français pour chaque mot distinct de l’original, mettant ainsi en évidence les répétitions fréquentes du narrateur primitif et l’étonnante richesse de certaines parties de son vocabulaire.]

Voici ! dans les jours d’antan nous
avons ouï la renommée des rois populaires des Danois à Javelots,
comment alors les nobles exécutèrent des actions d’éclat.
Souvent Scyld de la Gerbe à des bandes d’ennemis,
à maintes tribus, enleva des bancs à hydromel.
Le comte[1]causa de la terreur, depuis que tout d’abord il fut
découvert misérable ; il éprouva consolation pour cela,
il grandit sous les nuages, il prospéra en honneurs,
jusqu’à ce que chacun de ceux habitant à l’entour
10 par-delà le chemin des baleines dût l’écouter [lui obéir],
payer tribut ; ce fut un excellent roi.
À celui-ci fut un descendant, né ensuite,
jeune, dans [ses] enclos, que Dieu envoya
au peuple pour consolation ; il comprit[2] le dénûment violent[3]
qu’ils endurèrent autrefois sans seigneur
longtemps. À lui donc le Maître de vie,
le Gouverneur de gloire, donna faveur au monde.
Beowulf fut célèbre ([son] renom se répandit au loin),
le descendant de Scyld, dans les pays de Scanie.

  1. Kemble lit eorlas, c’est-à-dire : « Il inspira de la terreur aux comtes. » Nous prenons comtes au cours du poème dans son acception primitive de compagnons du chef, puis de chef en titre.
  2. Ou « Dieu comprit ».
  3. Ou « dû aux violences ».