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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

résultat de cette excitation ne fût un caractère de duelliste et de joueur, le caractère créole, au dire de bien des gens, mal informés sans doute. Quant à moi, reprit-il tout haut en caressant la tête de sa fille qui le priait des yeux de parler pour elle, comprenant qu’elle avait remis la cause des coqs aux mains d’un bon avocat ; quant à moi, j’avoue que je suis jusqu’à un certain point de l’avis de ma petite Yette. Je repousse les combats qui favorisent le jeu en provoquant des paris et qui habituent les hommes à voir couler le sang avec indifférence.

— Du sang de coq ! s’écria Maxime.

— Mais, cher ami, dit M. Desroseaux, les courses de chevaux sont plus cruelles, puisqu’elles peuvent entraîner mort d’homme.

— Aussi je ne fais pas l’apologie des courses de chevaux, répliqua M. de Lorme. Sur ce chapitre, je me déclare incompétent ; mais je crois tous ces spectacles violents des plus malsains, surtout pour la jeunesse. Voyez l’effet qu’ils produisent sur nos enfants : Max est déjà endurci plus qu’on ne devrait l’être à son âge, et voici Yette tout près de se trouver mal au seul récit de ce qui, pour notre neveu, n’est qu’un amusement.

— Oui, murmura Yette, je comprends main-