sa sœur de longtemps eût rendue malade, tant elle était impressionnable et nerveuse.
« Il faudra, lui dit-elle, que tu me traites, moi aussi, comme un enfant, que tu ne me demandes pas de t’accompagner au bateau. » M. de Lorme avait exigé de sa femme ce sacrifice, craignant qu’elle manquât de courage. « Nous nous séparerons ici. Je pourrai me figurer que tu ne vas qu’à Saint-Pierre, je ne verrai pas la mer te prendre et t’emporter. Aie pitié de moi, ma pauvre petite ! Sois forte pour nous deux ! »
La da devait accompagner Yette en France ; elle avait l’expérience des voyages, ayant déjà fait celui de Paris dans sa jeunesse, avec la mère de Mme de Lorme. La da était la personne la moins triste de la maison, car elle devait rester avec sa fille, comme elle la nommait, plus longtemps que les autres. Elle tint à ce que rien ne fût changé jusqu’au dernier moment, et employa la soirée à conter l’un de ses plus beaux contes : le Merle et la Tortue. Ce conte a pour but d’expliquer comment l’écaille de la tortue est partagée en morceaux depuis certain déjeuner donné dans le ciel par le bon Dieu aux animaux de toute la terre. La Tortue trouva compère Merle pour l’y porter ; mais, à table, elle eut l’insolence de dire au merle