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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

gracieux des petits billets musqués, promettant de faire sortir Yette les jours de congé et de s’intéresser à elle comme à sa propre fille.

« C’est très bien dit, fit observer M. de Lorme après avoir lu, mais je compte surtout sur mon vieux Jacques ; celui-là tient toujours plus qu’il ne promet. »

D’ordinaire on ne recevait pas beaucoup de visites à l’habitation du Macouba ; aussitôt cependant que le bruit se fut répandu que la petite de Lorme allait « partir pour France », toutes les connaissances de sa famille vinrent dire leur mot, recommander la pension où avaient été élevées leurs filles, nièces ou pupilles, et féliciter Yette d’un bonheur qu’elle était loin d’apprécier.

« Vous allez connaître la mère patrie, » disaient les uns.

Yette ne comprenait pas : on lui avait toujours dit qu’elle était Française ; mais la Martinique lui semblait être la plus belle partie de cette France dont ses aïeux étaient originaires.

« Vous verrez des pays nouveaux, disaient les autres.

— Aucun ne pourra me plaire comme le Macouba.

— Vous deviendrez savante… »