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CHAPITRE III

les adieux


Cependant, malgré la volonté, arrêtée en apparence, de M. de Lorme et la résignation de sa femme à tout ce qu’il désirait, Yette n’eût pas été exilée cette année-là encore, si le curé du Macouba ne s’en fût mêlé. C’était un vieux prêtre excellent mais sévère, dont l’influence était grande dans la maison. IL fit observer à ses amis que leur fille, séparée de sa première communion par deux années à peine, n’était encore qu’une sauvage ignorante de tout.

« Non seulement, dit-il, elle est incapable d’épeler deux lignes de catéchisme, mais, grâce à ce beau jargon nègre qu’elle parle du matin au soir à ses petits familiers, elle ne sait pas le français ; ses manières n’ont rien de commun, avouez-le, avec celles d’une demoiselle…