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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

mant imaginé par Mme Darcey, puisqu’il avait de jolis traits réguliers avec d’élégantes petites moustaches, des cheveux frisés que séparait une raie irréprochable, — et un soin exagéré de ses ongles. Malgré ces menus ridicules, lesquels ne déplaisaient pas à Cora, c’était un excellent garçon qui savait joindre l’utile à l’agréable, car il s’acquittait à Paris, avec une rare intelligence, des fonctions de représentant de M. Desroseaux, dont les affaires commerciales avaient pris plus d’extension que jamais. La pensée de revoir quelquefois son île chérie ne contribua pas médiocrement à décider Cora de Lorme à devenir Mme Desroseaux. Du reste, elle ne se laissa point éblouir par la fortune qui venait ainsi la surprendre. Au contraire, lorsque son mari, croyant l’enchanter, ouvrait devant elle une perspective de plaisirs, de toilettes, de fêtes :

« Tout cela est bon en guise d’assaisonnements, à petites doses, répondait-elle d’un air sérieux qu’elle avait emprunté à sa sœur aînée ; il faut d’abord savoir aimer le coin du feu.

— Soyez sûre que je m’y plairai plus que partout ailleurs, si vous m’y tenez compagnie, disait Maxime, mais il y a temps pour tout.

— Sans doute ! Ce n’est pas moi qui vous en-