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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

piège en façonnant un bonhomme de glu, lequel tient à la main le plus exquis des bonbons. Compère Lapin est gourmand, il voit le bonbon, vient saluer le bonhomme, et finit par lui demander un petit morceau de ce qu’il a dans la main. Irrité de n’obtenir aucune réponse, il le menace, lui donne un soufflet et reste englué. Se croyant retenu par un bonhomme vivant, il le menace encore, lui donne un second soufflet ; le voilà pris des deux pattes. Menace nouvelle, coup de pied ; les quatre pattes sont prises à leur tour ; sa colère est telle qu’il donne à son adversaire un coup de ventre qui le rend définitivement prisonnier. Le jardinier survient et court chercher le roi pour le faire assister à l’exécution du lapin, qu’il attache d’abord solidement avec de bonnes ficelles. Compère Lapin pleure, compère Éléphant passe et lui demande ce qu’il a.

« C’est que le roi, dit compère Lapin, m’a condamné à manger un bœuf tout entier. »

Compère Éléphant se dit que le bœuf lui serait peut-être d’une digestion plus facile qu’à un chétif petit lapin. L’idée de ce mets inconnu le séduit peu à peu. Il en arrive à envier le sort du malheureux, et lui propose tout bonnement de se mettre à sa place. Compère Lapin, délivré de