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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

effrayaient ses danseuses, au point qu’avec lui elles partaient sans exception à contre-mesure. Quant à M. Trianon, qui s’intitulait fièrement sur ses cartes « professeur de danse et de maintien, » il avait fort à faire pour guider les « petites divisions » à travers le labyrinthe des Lanciers, et pour rappeler à l’ordre les fillettes au-dessous de douze ans qui donnaient avec empressement la main gauche quand il fallait donner la main droite, et la main droite quand il fallait donner la gauche.

« Mesdemoiselles, murmurait-il en décrivant des pas de cavalier seul, de grâce, mesdemoiselles, rentrez la ceinture… la poitrine effacée… levez la tête… là !… un abandon élégant… et naturel surtout ! Très-bien… une, deux, trois… une… deux… ce n’est plus cela du tout ! vous n’y êtes pas… »

Une chute bruyante d’Héloïse Pichu, qui avait exécuté dans la pastourelle une glissade trop audacieuse, soulevait des rires fous quand la princesse Cendrillon fit son entrée. Yette l’avait bien prévu : les rires cessèrent comme par enchantement ; il se fit un silence suivi d’un murmure flatteur et de compliments aussi vifs que sincères. Ce fut bien mieux encore quand