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LE BAL.

tomba comme par enchantement, comment donc seras-tu habillée ?…

— I jamais pense à li ! dit Mesdélices.

— C’est vrai, s’écria Yette, je n’y ai pas pensé ; mais bah ! personne n’y fera, je crois, grande attention. Ma robe de soie suffit…

— Une robe montante, une robe noire !

— Eh bien, dit Yette, je ferai tapisserie ; comme toutes les mamans, je regarderai ma fille. »

En prononçant ces mots, elle leva les yeux vers le portrait de sa mère, et il lui sembla que celle-ci souriait.

Dès le lendemain, commença le brouhaha de la fête. On n’eût pu dire ce qui faisait le plus de bruit du marteau de la porte d’entrée ou de la langue de ces demoiselles. Dans le parloir et la grande classe, les tapissiers clouaient des draperies, accrochaient des guirlandes, rangeaient des banquettes ; les grandes se désespéraient de n’avoir qu’un miroir pour six ; les petites pensaient surtout au buffet, qui devait être abondamment garni de glaces, de pâtisseries et de sirops. Sans doute Mlle Agnès serait préposée à le garder dans la crainte des indigestions ; mais, sans doute aussi, la surveillance de Mlle Agnès serait moins rigoureuse qu’en classe.

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