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AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA.

faire de grands progrès à Cora. Pourquoi n’auriez-vous pas le même zèle et la même patience avec d’autres ? J’en parlerai aux parents. »

« Et elle en a parlé ! et je commence dès demain ma classe. Toutes ces demoiselles veulent en être. Comme j’ai bien fait d’apprendre, pour m’amuser, le filet, le crochet, la tapisserie, les broderies sur toile et sur étoffes ! Et quant aux répétitions, j’en ai déjà aussi ! Mme Pichu, la mère de cette bonne Héloïse, est venue me demander de faire travailler sa fille, sous prétexte que seule, j’obtiens quelque chose d’elle.

« Ma fille vous est redevable de tout ce qu’elle sait, » m’a-t-elle dit.

« Figurez-vous que cette excellente femme avait apporté pour Cora une boîte de chocolat énorme ! — Mais, madame, lui ai-je répondu, à quoi bon parler de cela ? Nous ferons toujours nos devoirs ensemble comme par le passé. — Mlle Aubry m’a interrompue :

« Non, non, vous n’avez plus le droit de prodiguer ainsi votre temps, il faut en devenir avare.

« Mademoiselle a raison, a dit Mme Pichu, si nous donnions nos marchandises au lieu de les vendre, nous ne pourrions pas les payer à ceux qui nous les fournissent. Il faut penser à ce qu’on