Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

208
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

comme un manœuvre, mais elle trouve des points d’appui honorables, des protections…

— Éliette ne fait fi ni de notre appui ni de notre protection, dit M. Darcey, d’une voix où frémissait un peu d’émotion contenue.

— Moi ! interrompit Yette. Oh ! monsieur, je suis si heureuse au contraire de les avoir trouvés chez celui que mon père appelait son ami ! J’accepte si volontiers au nom de mon père tout ce que vous avez fait pour nous, tout ce que vous ferez encore pour un temps… mais un temps le plus court possible’ Vous me comprenez, monsieur…

— Oui, oui… vous gagnerez votre vie, n’en déplaise à ma femme, non pas comme un manœuvre, mais comme un homme, ni plus ni moins, et sans déroger pour cela. Vous avez bien parlé, mademoiselle Éliette ! Votre père eût été fier de vous. Il est beau à votre âge d’accepter ainsi l’adversité.

— Oh ! s’écria Yette, je n’ai aucun mérite. Vous ne savez pas quelle joie ce sera pour moi de travailler pour ma petite sœur. »

Yette était vraiment belle en parlant ainsi, plus , belle que Mlle Polymnie avec son teint de poupée anglaise, plus belle que Cora avec son