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LA LETTRE.

cey stupéfaite. Mlle Polymnie fit un haut-le-corps.

« Il vous faudra d’abord apprendre le respect, » dit la dame offensée en rajustant avec une feinte indifférence les brides de son chapeau.

Puis elle appela Mlle Aubry, qui traversait le parloir du pas affairé qui lui était particulier, et montrant Yette :

« Nous vous avons confié là, mademoiselle, une petite personne bien mal élevée.

— Mon Dieu ! dit la directrice, elle n’a pas été élevée du tout, ce qui n’est pas la même chose. Figurez-vous une plante vivace qui a poussé de tous côtés au hasard ; il s’agit d’émonder judicieusement, sans rien retrancher de ce qui est bon. Nous tâcherons de nous montrer jardinier habile ; mais, à vrai dire, la plante s’est attachée jusqu’ici a nous montrer plutôt ses nœuds et ses épines que ses fleurs. Je devine cependant qu’elle en portera tôt ou tard, car l’énergie ne manque pas !

— Je vous trouve indulgente pour elle, dit Mlle Darcey, qui eût voulu voir tancer plus vertement fauteur de l’attaque imprévue dont elle n’était pas encore remise.

— Il faut bien compter sur l’avenir quand le présent laisse tant à désirer ! Jusqu’ici, du reste, nous avons trouvé impossible de la faire tra-