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UN TERRIBLE ENFANT.

la pièce voisine, se mêlèrent à cette explosion.

« Bon ! dit le père impatienté en haussant les épaules, voilà le comble ! Tu éveilles ta petite sœur ! Elle était malade, on avait eu beaucoup de peine à l’endormir ; si la fièvre la reprend, ce sera ta faute. »

La pensée d’avoir fait mal à sa petite sœur changea soudain le cours des larmes égoïstes de Mlle Yette. Elle ne se désola plus d’être menacée d’aller en pension, elle se reprocha d’être méchante avec une véhémence, une exaltation de repentir qui força bientôt ses parents à la consoler.

Les caresses de la petite Cora, apportée sur ces entrefaites par la vieille bonne qu’on nomme da en ces parages, réussirent mieux que tout le reste à ramener la gaieté sur le visage de Yette, et les museaux noirs de ses trois favoris Tom, Mesdélices et Loulou s’éclairèrent en même temps d’un large sourire. La petite sœur fut comblée de fruits cueillis à son intention, presque tous avant maturité, cela va sans dire, ce qui n’était pas précisément le meilleur remède contre la fièvre, mais les parents et la da ayant essayé d’intervenir, des clameurs si violentes éclatèrent qu’ils durent renoncer à une lutte inégale. Les