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SCIENCE DE LA MORALE.

prédications, on pourrait se borner à dire qu’ils ressemblaient au chien de la fable, lâchant sa proie pour l’ombre ; mais ils n’étaient pas assez fous pour cela. Le plaisir était bon à une fin, le souverain bien à une autre ; le plaisir servait aux jouissances, le souverain bien aux déclamations. Tandis qu’ils prêchaient tous le souverain bien, chacun, en son particulier, se livrait aux jouissances grossières des sens. Ils avaient leurs mignons sans nombre, quelques-uns dont nous connaissons les noms, d’autres qu’aucune histoire n’a canonisés.1

Il est aussi amusant de contempler los contestations des hommes appelés sages, qu’il est instructif d’en rechercher les résultats. Tandis que dans des temps plus rapprochés, une troupe de médecins philosophes étaient a la recherche de la panacée universelle, les moralistes philosophes couraient après le souverain bien ; objets excellens tous deux : on convenait que tous deux existaient, qu’on pouvait les trouver, mais où


1 Justiciables qu’étaient les philosophes de l’opinion publique, ils n’étaient pas assez sots pour se laisser gouverner, comme faisait Jacques 1er, par ceux qui fournissaient à leurs plaisirs. Socrate lui-même, Socrate, le plus prudent de tous, dans une confidence des plus extraordinaires, avoue lui-même le caractère indomptable de la passion qui le dominait.