Page:Bentham - Déontologie, ou science de la morale, tome 1.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
36
DÉONTOLOGIE.

soucier de ce qu’ils disent. Qu’il poursuive son but avec persévérance ; qu’il fasse voir qu’il le poursuit ; il peut être assuré que dans un pays libre, et même dans quelque pays que ce soit, où un pareil exemple sera donné, la majorité nationale lui prêtera tôt ou tard son concours, et il trouvera dans le Déontotogiste un allié puissant.

La ligne qui sépare le domaine du législateur de celui du Déontologiste est suffisamment distincte et visible. Là où les récompenses et les punitions légales cessent d’intervenir dans les actions humaines, là viennent se placer les préceptes moraux et leur influence. Les actes dont le jugement n’est point déféré aux tribunaux de l’État, tombent sous la juridiction du tribunal de l’opinion. Il y a une infinité d’actes qu’il serait inutile de chercher à réprimer par des peines légales, mais qu’on peut et qu’on doit abandonner à une répression extra-officielle. Une grande portion des actes nuisibles à la société échappent nécessairement aux chatimens de la loi pénale, mais ils n’échappent pas au contrôle et au regard tout autrement vaste et pénétrant de la justice populaire, et celle-là se charge de les punir.

Ainsi les crimes reconnus par le Code Pénal,