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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Pour un si grand bien-fait, dont je m’efforce d’être
Reconnoissant vers vous autant que je le puis,
J’en useray des mieux, et feray bien connoître
De quel bois je me chauffe, et quel homme je suis.

À tous autres objets je feray banqueroute,
Mes flâmes brûleront sous vôtre digne aveu,
Et vous n’aurez pas lieu de révoquer en doute
Que vôtre seule grâce ait allumé mon feu ;

Qu’auprés de vos tisons, d’une veine ampoullée,
Pour vous je traceray des vers nobles et hauts ;
Car il n’est rien si doux, au fort de la gelée,
Que de songer en vous quand on a les pieds chauds.

Tenez-moy donc parole, et vous donnez la peine
D’envoyer, s’il vous plaist, vos faveurs jusqu’icy,
Et songez qu’il en faut une charette pleine
Pour le soulagement d’un amoureux transy.