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XII
PRÉFACE

moins pâlir un instant. L’amiral de Brézé fut tué d’un coup de canon[1], et Richelieu mourut.

La mort de l’Éminence ne parut que peu chagriner l’ingrat, mais sa pension lui était plus à cœur, car il exhala sa plainte dans ces quatre vers blessants pour l’ombre du grand Armand :


Cy-gist : ouv gist par la mortbleu
Le cardinal de Richelieu,
Et ce qui cause mon ennuy,
Ma pension avecque luy.


La perte n’était pas cependant irréparable, car peu après la reine mère lui constitua une autre pension de trois mille livres, ce qui, joint aux libéralités de certaines dames, lui permit de vivre très-convenablement à la cour.

Ces dons féminins, dont nous parlons, ne semblaient pas effaroucher outre mesure la pudeur des poëtes de l’époque, et l’on ne saurait en vouloir à Benserade, lorsqu’en lisant les stances sur une Voye de Bois[2], on remarque le ton dégagé et badin avec lequel il remercie une présidente anonyme du présent qu’elle lui doit envoyer.

  1. Benserade fut attristé de la mort de M. de Brézé, et M. de Segrais raconte qu’il pleurait toutes les fois qu’il entendait parler de lui. (Mémoires et Anecdotes de M. de Segrais.)
  2. Page 36 de ce volume.