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XI
PRÉFACE

dix-huit ans. Il trouva que ce garçon rimait fort agréablement, et comme on lui annonçait qu’il était quelque peu son parent[1], Son Éminence accorda une pension de huit cents livres au jeune Benserade.

Le début était encourageant pour un écolier, aussi commença-t-on à parler du nouveau poëte, à la ville et à la cour, aux petits levers et aux soupers ; et la tragédie de Cléopâtre, qui fut jouée, reçut force applaudissements. L’amiral de Brézé s’enthousiasma tellement pour les tirades de Marc-Antoine, qu’il supplia l’auteur d’accepter son amitié, c’est-à-dire qu’à la mode du temps, il lui ouvrit sa maison et lui offrit, outre le logement et le couvert à sa table, sa bourse[2] et sa protection.

Benserade n’eut garde de refuser une pareille aubaine, il devint l’ami de l’amiral, et transforma son salon en un foyer littéraire où les beaux esprits du jour aimèrent à se rencontrer.

Ce fut là que Benserade lia connaissance avec le petit Michel, depuis le fameux Lambert, pour lequel il fit, dans la suite, la plus grande partie des paroles que cet illustre chanteur mit en musique.

L’étoile du poëte qui s’annonçait si bien faillit néan-

  1. La mère de Benserade était, paraît-il, une Laporte, et par conséquent alliée à la famille du cardinal.
  2. Segrais ajoute, dans ses Mémoires et Anecdotes, que M. de Brézé le faisait de moitié dans ce qu’il gagnait au jeu.