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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Quand le Palmier femelle à son mâle se mêle,
Il l’embrasse en amant ;
Mais on a beau le joindre à quelqu’autre femelle,
Il est sans mouvement.

Des plaisirs amoureux, ainsi qu’on le peut croire,
Vénus sçavoit le goût ;
À ce jeu toutefois il n’est point de mémoire
Qu’elle ait trouvé ragoût.

Si l’Amante pouvoit donner à son Amante
Les douceurs de l’amy,
Pour devenir garçon l’amoureuse Diante
N’auroit pas tant gémy.

Même, pour nous haïr, ces farouches guerrières
Ne s’entr’aimèrent pas ;
Mais d’un parfait amour alloient sur leurs frontières
Goûter les vrais appas.

Leur Reine généreuse, au conquérant d’Asie
Alla faire l’amour ;
Et tant qu’elle eut passé sa douce fantaisie
Demeura dans sa cour.