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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Mais quoi ! vôtre amitié, pour suivre une autre Amante,
Se sépare de nous !
Belle certainement, adorable, charmante,
Mais femme comme vous.

De céder la victoire il est assez infâme,
Quel que soit le Vainqueur ;
Mais d’être lâchement vaincu par une femme,
C’est double crêve-cœur.

Il faut le confesser, il est vrai qu’elle est belle,
Qu’elle est pleine d’attraits ;
Et que mal-aisément l’âme la plus rebelle,
Se défend de ses traits.

Pour elle tout languit ; pour elle tout soupire
Où que tournent ses pas ;
Les plus nobles Vainqueurs reconnoissent l’empire
De ses divins appas.

Des braves qui cent fois des flots et de l’orage
Méprisèrent l’orgueil ;
De fameux Conquérans, viennent faire naufrage
À ce fatal écueil.