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De Bensseradde.

Ma Reine, mon Soleil n’a plus de part au jour,
Ces‍t ainſ‍i que la Parque a reſ‍pec‍té ſes charmes,
Pour elle répandons de genereuſes larmes,
Les hommes du commun allegent leur tourment
800Par de honteuſes pleurs, mais pleurons noblement,
Mon cœur, ſuy Cleopatre, & force ta demeure,
Fay couler tout mon ſang, ceſ‍t comme Antoine pleure.

Il ſe donne un coup & regarde ſon ſang.
Ô mort qu’heureuſement tu me viens ſecourir,

Et qu’il eſ‍t malheureux qui ne ſçait pas mourir !
805Si tu m’eußes plus jeune obligé de la ſorte,
La gloire de mes jours ne fut pas ſ‍i toſ‍t morte,
L’on ne m’eût veu jamais amoureux, ny vaincu,

Il tombe.
Et j’aurois veſcu plus, ſ‍i j’euße moins veſcu.

Scène III.

Antoine. Dircet, & autres gardes accourent.
Dircet.


Ô tragique ſ‍pec‍tacle !

Antoine.


Ô tragique ſ‍pec‍tacle !
Ha douleur violente !
810Amis, rendez ma mort, ou plus douce, ou moins lente,