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De Bensseradde.

Et je ſuis, déloyale, en état de te plaire :
Ayme Ceſar, ingrate, & crains de l’offenſer,
Cruelle, étouffe-moy, pour le mieux embraſſer :
Tu me viens de trahir ſur l’onde, & ſur la terre,
470Tu luy viens de livrer tous mes hommes de guerre,
Et tu leur as fait perdre en violant ta foy
Le deſſein qu’ils avaient de mourir avec moy,
Tu me trahis, tu fais qu’un Rival me ſurmonte,
Et tu rends ton Ceſar ſuperbe de ma honte ;
475Mais le mal qui me touche avec plus de rigueur,
Tu m’oſ‍tes l’eſ‍perance en luy donnant ton cœur :
Pour plaire à ton deſſein que les enfers deteſ‍tent,
Tu lui devois livrer ces armes qui me reſ‍tent,
Le ſort quoy qu’inhumain n’a pû s’en aſſouvir,
480Si peu qu’il m’a laiſſé tu le devois ravir,
Außi cognois-tu bien dans ma miſère extréme
Que je ſuis ſeulement armé contre moy-meſme,
Et que je ne veux pas faire joindre à Ceſar
L’honneur de ma deffaite aux pompes de ſon char,
485Dans la fin de mes jours ſon triomphe s’acheve,
Ma mort borne ſa gloire, & ma chûte l’éleve.

Lucile.

„ La fortune eſ‍t contraire aux projets les plus ſaints,