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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

que je demande est très simple. Vous attendez votre fils, c’est tout. Ne tripotez pas votre robe ; ne pensez pas à vos cheveux. Tout doit se passer sur votre visage. Regardez la campagne, qui est épanouie, elle, par l’été. Et vous ne voyez que ça devant vous, l’été, qui vous fait mal, alors que vous guettez passionnément votre enfant, dont la vue vous ferait tant de bien.

Tandis qu’il parle, les poules, reprenant la place libre, viennent picorer jusqu’à ses pieds, et un vieux coq chante victoire.

— Le chameau, crie Antoine, a-t-il fini de gueuler, quand je parle !

Il regarde la Cantatrice :

— Vous ne pouvez pas vous douter de la gueule admirable que vous avez devant, cet horizon de montagnes régulières ! C’est du même style. Je savais ce que je faisais en vous amenant. Monsieur notre régisseur prétend que vous n’avez pas un profil d’Arlésienne. Vous avez le profil que devraient avoir les Arlésiennes. Vous êtes la Rose