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en nubie, etc.


des gens capables de tuer un Européen, avec la même indifférence que s’ils se débarrassaient d’un insecte.

Je rapporterai à ce sujet un triste événement, qui arriva peu de temps après celui-ci. Une jeune personne charmante, âgée d’environ seize ans, la fille du chevalier Bocty, maintenant consul général de Suède, était sortie avec sa mère, sa sœur et d’autres dames, pour prendre des bains. Toute la société était sur des ânes, selon l’usage du pays. À peu de distance de chez elles, les dames rencontrèrent un soldat : cet homme féroce tire sur-le-champ un pistolet de sa ceinture, vise de sang-froid sur la jeune demoiselle et la tue. C’était, sous le rapport des agrémens personnels et. des qualités de l’esprit, la personne la plus intéressante que l’on puisse voir ; et tous ceux qui l’avaient connue pleurèrent sa mort affreuse. Je dois dire, à l’honneur de Mahomet-Ali, qu’il fit saisir et exécuter l’assassin ; mais c’était une triste consolation pour la famille ; et de pareils exemples de férocité ne pourront que dégoûter les jeunes femmes d’Europe du désir de visiter ce pays.

À cette époque M. Bankes arriva en Égypte ; il se rendit immédiatement au mont Sinaï, et de là au Haut-Nil ; au bout de trois mois il revint dans